Chants 
                        de mines Milliers 
                          Damné ramdam 
                          À hue à dia 
                          Kyoto 
                          Macaques 
                          Mange ton âme 
                          Celui qui cherchait l'écho 
                          Tout compte 
                          Le panier de Guillotin 
                          Comment coi? 
                          Bousculade à l'Ambigu 
                         
                          Les milliers 
                          Ils 
                          sont les premiers à l'entrée 
                          Bien qu'personne n'les ait invités 
                          Troisième classe et comme trop de dents 
                          Dehors et gros gens comme devant 
                          Se mêlent de tout, s'emmêlent de rien 
                          Renversent tout par trop d'entrain 
                          Jusqu'aux conversations 
                        Ils 
                          ont des avis plein les poches 
                          Mais pas une idée dans la caboche 
                          S'accrochent à l'opinion du sot 
                          S'approprient les éditoriaux 
                          Dans vos affaires, fourrent leur nez 
                          S'affairent surtout à conserver 
                          Votre aversion 
                        Qu'on 
                          marche sur leurs pieds, ils s'excusent d'exister 
                          Mais qu'ils aient du pouvoir et les v'là qu’y 
                          s'prennent pour César 
                        Les 
                          milliers, les milliers d'imbéciles heureux 
                          Les milliers, de piliers dociles et peureux 
                          Les milliers, de préambules d'aucun discours 
                          Les milliers, de somnambules au goût du jour 
                        L'envie 
                          dans les veines, l’ennui dans les gênes 
                          M'envient ma bohème et s'émeuvent devant 
                          leur télé 
                        Ils 
                          se croient forts quand gros ils sont 
                          Ils se croient grands quand haut ils vont 
                          Rituellement, toujours au-d'là 
                          D'leurs facultés puis sans éclat 
                          Se fracturent la gueule ou l'égo 
                          Le fémur, le cœur et bingo! 
                          Ils gagnent votre mépris 
                        Ils 
                          se relèvent toujours, d'ailleurs 
                          N'apprennent rien de leurs erreurs 
                          Négligent d'apprécier ce qu'ils ont 
                          Exigent et veulent, s'octroient raison 
                          Prétextant que tout leur est dû 
                          Oublient souvent qu'ils auraient pu 
                          Naître au Gabon par exemple 
                        Qu'on 
                          marche sur leurs pieds, ils s'excusent d'exister 
                          Mais qu'ils aient des galons, v'là qu’y 
                          s'prennent pour Napoléon 
                        Ils 
                          jugent de la valeur au prix 
                          Confondent succès et profits 
                          Accomplissement et piédestal 
                          Réussite et rang social 
                          Mesurent le génie aux diplômes 
                          Les oeuvres aux titres, au nombre, aux tomes 
                          Et l'amour aux bouquets 
                        Ils 
                          sont le chiendent, la routine 
                          Le lubrifiant de la machine 
                          Petits héros du vide ambiant 
                          Grands zéros du discernement 
                          Gavés de désinformation 
                          Gravés du sceau d'à jamais pions  
                          Dans le grand échiquier de la vie 
                        Qu'on 
                          marche sur leurs pieds, ils s'excusent d'exister 
                          Mais qu'ils aient un micro et les v'là qu’y 
                          s'prennent pour Vigneault 
                        Paroles 
                          : Hugo Fleury 
                          Musique : Hugo Fleury et Polémil Bazar 
                         
                          Damné 
                          ramdam 
                          Sacré 
                          tambour 
                          T’as bien tout fait pour qu’elle s’en 
                          aille et pas pour faux 
                          Tu t’es fait niais, tu t’es fainéant 
                          Tu t’es fait lourd et surtout pas très 
                          beau 
                          -Tout pas très beau 
                        Sacré 
                          tambour  
                          Tout’ ta ferraille c’est qu’un faire-valoir 
                          de vieux beau 
                          Ta caisse est pas claire, t’as cassé l’élan 
                           
                          Tu sonnais trop sourd et surtout pas très chaud 
                           
                          -Tout pas très chaud 
                        Sacré 
                          tambour 
                          C’est ton air d’aller bien qui nous ment 
                          Tes sursauts, tes ramdams -t’es lourd 
                          Tes mouvements, ta cadence -t’es sourd 
                          Insupportable vaniteux va! 
                          Tends ta peau avant qu’on va frapper dedans 
                        Tambour 
                          t’en baves, t’entoures, t’enclaves 
                          T’es cave tout court mon brave tambour 
                          Bien enduit dans ta vase à battre un peu moins 
                          chaque jour 
                        Je 
                          sais, sans toi y’aurait pas d’quoi chanter, 
                          ni fêter ni pleuvoir 
                          Ni passion, ni passé, ni frisson, ni pouvoir 
                          Plus qu’la raison, refroidissant nos corps 
                          Calculs 
                          et prévisions, plus qu’en un mot : la mort 
                        Mais 
                          rêve toujours, sacré tambour 
                          Tu n’s’ras jamais qu’un pourvoyeur 
                          de mauvais sang 
                          Opaque et pas clair, de ressentiments 
                          De haine et d’allure fière, allant comme 
                          si ma tête étant 
                        Mais 
                          rêve toujours, sacré tambour 
                          Sur ton air d’aller, bon an, mal an 
                          Sur tes damnés ramdams -t’es lourd 
                          Ta satanée cadence -t’es sourd 
                          Imposteur irrévérencieux va! 
                          Tends ta peau avant qu’on va frapper dedans 
                        Tambour 
                          t’en baves, t’entoures, t’enclaves 
                          T’es cave tout court mon brave tambour 
                          V'là ton nid qui s’embrase, si tant que 
                          te v’là cuit tambour 
                        Ça 
                          y est maintenant tout court nous v’là tous 
                          deux 
                          D’autant plus lourds qu’on s’trouve 
                          un peu 
                          Pris au détour de nos sérieuses sérénades 
                          Et des discours dégoupillés 
                          Qu’on s’prend, qu’on s’fourre 
                          dans l’crâne où tout s’pourrait 
                          Oui mais l’amour ça s’passe plus 
                          bas 
                          De par chez toi qui gères tout ça 
                        Damné 
                          tambour faut faire avec tes arythmies, tes à-coups 
                          secs 
                          Et tes juvéniles manières, tes mauvais 
                          plis et tes ornières 
                          C’est tout caprice et gloriole, tout artifices 
                          et girandoles 
                          Et foudre aux yeux, sors tes canons 
                          Qu’on voit c’qu’y a d’caché 
                          dans ton fond de toi 
                        Paroles 
                          : Hugo Fleury 
                          Musique : Hugo Fleury et Polémil Bazar 
                         
                          À 
                          hue à dia 
                          J’ai 
                          les élus dans la mire et l’âme trouble-fête 
                          Et comme envie d’en pleurer, comme envie d’en 
                          rire 
                          Et comment que ça m’embête 
                          On a rien fait de mieux, aurait-on pu faire pire?  
                          Comment donc en être fier? 
                          De qui, de nous, de vous, d’eux quel est le martyr 
                           
                          Et quel est le tortionnaire? 
                        J’ai 
                          mal aux droits humains mais moi j’ai la liberté 
                          d’excrétion 
                          Je crains de nous qu’on n’soit demain les 
                          pantins de trop d’ambition 
                          La tête à hue, le cœur à dia, 
                          les girouettes  
                          Tournent au gré du vent pseudocrate 
                          Et dansent la java des jubilaires digérant, les 
                          rats en cravate 
                           
                          La java des états d’Hommes et d’âmes 
                          soumises 
                          Qui fait valser les droits, retourner les chemises 
                          Elle se danse à genoux, elle se chante en dollar 
                          Elle nous roule dans la boue et n’a pas de mémoire 
                           
                          Paraît qu’les riches ont tout et qu’ils 
                          m’ont moi 
                          Mais moi, j’suis pauvre et j’suis bête 
                           
                          J’conseille au Trésor de n’pas s’montrer 
                          la gueule 
                          Car on lui f’ra sa fête  
                          Nous les sauvages on n’sait pas compter mais nos 
                          plumes 
                          On les donne aux poètes  
                          Qui en retour, de l’or des mines de leurs âmes 
                           
                          Empoisonnent nos flèches 
                           
                          La java des états d’Hommes et d’âmes 
                          soumises 
                          Qui te fait malgré toi, endosser sa bêtise 
                          On la trouve partout, c’est l’amie du pouvoir 
                          Elle nous trompe, elle nous joue et répète 
                          l’histoire 
                           
                          On dit qu’on a les bourreaux qu’on mérite 
                          et qu’les barreaux faut s’y faire 
                          On troque un vote, on croque, on avale, on évite, 
                          on tète, on est mammifère 
                          Les barges de crédit font de larges profits sur 
                          nos vies déficitaires 
                          En deuil d’idéaux, de raison et d’esprit 
                          l’avilissement prolifère 
                        La 
                          java des états d’Hommes et d’âmes 
                          soumises 
                          Des guignols et des rois, qui le ridicule, frisent 
                          Elle plane au-dessus des lois, d’la nature et 
                          des Hommes 
                          On doit l’aimer, ma foi, puisque tous on l’entonne 
                         
                          Paroles : Hugo Fleury 
                          Musique : Hugo Fleury et Polémil Bazar 
                         
                          Kyoto 
                          Avant 
                          d'quitter l'plateau, caressé par la faux 
                          Avant d'aller chez M. Jacques les pieds d'vant, les 
                          yeux clos 
                          Ou juste avant d'coller sur ma plaque, étalé 
                          De prendre au fond d'ma chaise et d'baver sur mon tablier 
                        Avant 
                          d'être rabougri, viscéralement aigri 
                          Avant qu'le soleil m'ait renié, que le bleu vire 
                          au gris 
                          Avant ma soumission, ma décomposition 
                          Mon abandon, ma perte et ma fatale isolation 
                        J'aimerais 
                          bien savoir à quoi sers-je? 
                          J'aimerais voir une forêt vierge 
                          J’voudrais comprendre pourquoi Tout? 
                          Et ne plus rien vouloir du tout 
                        J'aimerais 
                          voler, quitter ma tête 
                          Aller semer partout la fête 
                          Visiter Bagdad à vélo 
                          J'voudrais respirer l'air de Kyoto 
                        Avant 
                          la guerre de l'eau, le hamburger bio 
                          L'air pur en contrebande, avant les orgasmes en réseaux 
                          Avant qu'un bras nous pousse dans l'front, que l'on 
                          ait tous 
                          Une poignée dans l'dos, des ornières, 
                          la stupeur et la frousse 
                        Avant 
                          les Epsilons, les manipulations 
                          La greffe de bonne conscience, avant l'uniformisation 
                          Avant l'cancer de l'âme et l'ablation du charme 
                          L'interdiction d'l'humour et l'obligation du port d'arme 
                        Avant 
                          que d'avoir honte et que la tension monte 
                          Si haut qu'on n'y puisse plus rien faire, avant le vrai 
                          décompte 
                          Avant d'avouer qu'on savait tout ça, mais qu'on 
                          N'y changeait rien vu qu'ça nous convenait bien 
                          de rester con- 
                        Damnés, 
                          voués à l'échec et mat, avant qu'un 
                          chèque 
                          Vaille plus cher que son signataire et sa famille avec 
                          Avant qu'on ait détruit tout jusqu'au dernier 
                          fruit 
                          Que les lois du marché nous aient totalement 
                          abrutis 
                        J'aimerais 
                          bien savoir à quoi sers-je? 
                          J'aimerais voir une forêt vierge 
                          J’voudrais comprendre pourquoi Tout 
                          Et ne plus rien vouloir du tout 
                        J'aimerais 
                          voler, quitter ma tête 
                          Aller semer partout la fête 
                          Visiter Bagdad à vélo 
                          Respirer l'air de Kyoto 
                        J'aimerais 
                          bien savoir à quoi sers-je? 
                          Qui faudrait croire et vers où vais-je? 
                          Visiter Prague et Tombouctou 
                          Stalingrad et Ouagadougou 
                        J'aimerais 
                          voler, quitter ma tête 
                          Aller semer partout la fête 
                          Visiter Bagdad à vélo 
                          J’voudrais respirer l'air de Kyoto 
                        Paroles 
                          : Hugo Fleury 
                          Musique : Hugo Fleury et Polémil Bazar 
                         
                          Macaques 
                          En 
                          avant la muzak, assez joué les macaques 
                          Il est l’heure il est grand temps 
                          Temps de prendre nos claques, nos cliques et dans un 
                          sac 
                          Fourrer nos ressentiments 
                        Basta 
                          les coups, les tractations et les arnaques 
                          Assez chimpanzé mon grand 
                          Entamons un entracte et brûlons nos matraques 
                          Allons faire souder nos dents 
                        Avalons 
                          ce cognac, quatre gorgées pour chac- 
                          Un des vils arguments 
                          Qu’on s’est jeté en vrac pour justifier 
                          nos actes  
                          Et nos paroles d’antan 
                        Une 
                          fois brindezingues et couaques, l’assommoir mis 
                          à sac 
                          Bêtas unis et puissants 
                          De paix, signé le pacte, en bons maîtres 
                          on ira  
                          Coloniser d’autres clans 
                        La 
                          banana Alta Reina, estupida decadencia  
                          Mono sabio, arrogante, despectivo, venga callate!  
                          Mi vecino, mi padre, mi amigo, mi madre 
                          Mi diputado tambien, quienquiera que sea tiené 
                          qué saber qué : 
                          -S’avère quoi?  
                          -Savoir que le singe est toujours en toi  
                        Voyez 
                          ce beau macaque pisser droit dans la flaque  
                          Où s’abreuvent ses enfants 
                          Aucun doute mon Jack, l’on descend de ce braque 
                          Quoiqu’en braillent les croyants 
                        On 
                          a du singe en vrac, dans le sang tout un lac 
                          Assumons nos ascendants 
                          Les culs blancs, les culs blacks, variantes, artefacts 
                          Du premier orang-outang 
                        Paroles 
                          : Hugo Fleury 
                          Musique : Thierry Gateau 
                         
                          Mange 
                          ton âme 
                          Y’a 
                          ceux qui comptent et ceux qui tronquent 
                          Ceux qui bombent et ceux qui tombent 
                          Ceux qui financent l’hécatombe et qui de 
                          rire sont morts 
                        Y’a 
                          ceux qui gueulent et ceux qui bêlent 
                          Ceux qui veulent et ceux qui gèlent 
                          Ceux qui vendent les ficelles et le reste qui dort 
                        Mange 
                          ton âme, plutôt que d’la vendre au 
                          gramme 
                          Range ta lame et viens t’faire chanter ta gamme 
                        Y’a 
                          ceux qui attendent et ceux qui cherchent 
                          Ceux qui s’pendent et ceux qui lèchent 
                          Ceux qui de tout bois font flèche et qui de rire 
                          sont morts 
                        Y’a 
                          ceux qui rêvent et ceux qui crèvent 
                          Ceux qui « fiellent » et ceux qui sellent 
                           
                          Ceux qui tirent les ficelles et le reste qui dort 
                        Y’a 
                          ceux qui s`plaignent et ceux qui geignent 
                          Ceux qui feignent et ceux qui saignent 
                          Ceux qui par-dessus tout règnent et qui de rire 
                          sont morts 
                        Y’a 
                          ceux qui foulent ceux qui déboulent 
                          Ceux qui roulent, ceux « kilojoulent » 
                          Ceux qui se noient dans la foule et le reste qui dort 
                        Mais 
                          sûr bien aussi y’a ceux 
                          Qui toujours on oublie y’a ceux 
                          Qui criblés de mépris y’a ceux 
                          Qui crevés par la vie y’a ceux 
                          Qui condamnés, éconduits y’a ceux 
                          Qui implorent un répit y’a ceux 
                          Qui meurent et qu’on oublie 
                        Enfin 
                          y’a tous ceux qui rigolent 
                          Ceux qui n’ont rien pour qu’on les vole 
                          Qu’un simple aller pour providence  
                          Qui jonglent avec la chance 
                        Lesquels 
                          sont les moins malheureux 
                          Moins méprisables et moins gâteux  
                          Si la question vous rend nerveux 
                          Vivez mal et mourez vieux 
                           
                          Paroles 
                          : Hugo Fleury 
                          Musique : Martin Desjardins 
                        Celui 
                          qui cherchait l’écho 
                          J'ai 
                          perdu quatre mauvais mots 
                          Échappés bêtement dans le flot 
                          Des seules paroles d'une journée 
                          Quatre mots encore plus gros qu'mon nez 
                          Que j'voudrais bien mettre au tombeau 
                          Que j'voudrais bien mettre en bouteille 
                          Avant qu'ils n'atteignent une oreille 
                          Qu'les rumeurs s'éveillent et qu'on me prenne 
                          en faux 
                        Or 
                          je dois retrouver l'Écho 
                          Ce traître qui répand les maux 
                          Mais le trouillard se cache on n'sait 
                          Dans quel brouillard le chercher c'est 
                          Comme dissocier le laid du beau 
                          C’est plus simple de trouver Dieu 
                          Que de bâillonner cet odieux  
                          Écho pernicieux, bavard incognito 
                        Parfois 
                          je la nouerais, parfois je la clouerais, parfois je 
                          la couperais 
                        Je 
                          l'avalerais pour la faire taire 
                          J'la collerais sur un poteau d'fer, en hiver 
                          J'la f'rais rev'nir aux p'tits oignons 
                          Je 
                          l'échangerais contre du pognon 
                          J'la laiss'rais sur un timbre-poste 
                          J'la jett'rais dans l'bac à compost 
                          J'l'oublierais dans la bouche d'une femme 
                          Ma langue, j'lui f'rais des choses infâmes 
                        J’ai 
                          cherché dans les caniveaux 
                          Entre les montagnes et jusqu'aux 
                          Fonds des lacs et des océans 
                          J’ai vérifié chaque instrument 
                          Pas le moindre soupçon d'écho 
                          J’ai pensé qu'il s'était éteint 
                          Ou qu’il se taisait à dessein 
                          De me faire craquer, passer pour un idiot 
                         À 
                          défaut de trouver l'Écho 
                          J’ai rencontré quelques ragots 
                          Et de vieux potins parvenus 
                          Qui juraient ne pas avoir eu 
                          Vent de mes fameux quatre mots 
                          Mais les rumeurs allaient bon train 
                          Voulant que je ne valais plus rien 
                          Qu’j’avais égaré mes quatre 
                          derniers mots 
                        Parfois 
                          je la nouerais, parfois je la clouerais, je la crucifierais 
                        Je 
                          l'avalerais pour la faire taire 
                          J'la collerais sur un poteau d'fer, en hiver 
                          J'la f'rais rev'nir aux p'tits oignons 
                          Je l'échangerais contre du pognon 
                          J'la laiss'rais sur un timbre-poste 
                          J'la jett'rais dans l'bac à compost 
                          J'l'oublierais dans la bouche d'une femme 
                          Ma langue, j'lui f'rais rendre les armes! 
                        Parce 
                          qu’elle refuse de m'obéir 
                          Mes dents s'usent à la retenir 
                          Mon sourire cache un mal profond 
                          Elle m'accuse de violer ses droits 
                          Elle a des ruses qui me laissent coi 
                          C’est la vipère dans le bouffon 
                          Ma langue déteste le mensonge 
                          Pour tout protocole elle s'allonge 
                          Elle trahit fièrement nos secrets 
                          Mais si j'hésite à la châtier 
                          C'est qu'jamais elle n’ira lécher 
                          Des culs dans quelconque intérêt 
                        C'est 
                          à la une des journaux que j'ai r'trouvé 
                          mes quatre mots 
                          Sous ma photo, des mots sournois, mensongers, haineux 
                          de surcroît 
                          Des gratuités, de vrais couteaux, quatre mots 
                          qu’j’avais moi-même crachés 
                          Qu’l’auteur s’était appropriés, 
                          m’étaient fatalement retournés 
                          Comme un parfait effet d’écho 
                        Paroles 
                          : Hugo Fleury 
                          Musique : Thierry Gateau 
                           
                           Tout 
                          compte 
                          Tout 
                          compte, tout compte fait mal d'oser le cœur, ça 
                          bat, ça gronde 
                          Grondée t'es pâle, blasée t'as peur 
                          d'où va le monde 
                          Mont de piété, l'âme escomptée, 
                          tu tâtes et sondes 
                          Tu sondes et sombres dans l'ennui 
                        Tout 
                          compte, tout compte fait sale d'ôter sa dalle, 
                          vider sa tombe 
                          Tombée tu râles, domptée tu chiales 
                          et rases ton ombre  
                          Ton nom s’affale, tes ans cavalent, avale ta montre 
                          Et ne montre plus tes envies 
                        Tu 
                          dis qu'on est trop loin du ciel 
                          Tu dis qu'on naît trop près des morts 
                          Tu dis plus rien, tu t'émerveilles 
                          De ne plus voir et d'arriver encore 
                          À te rapprocher du soleil 
                          À te raccrocher à ton sort 
                          Comme Icare tu brûleras tes ailes 
                          Quitte à quitter ton corps 
                        Tout 
                          compte, tout compte fait à l'trouer le cœur 
                          s'emplit, s'enfonce 
                          Foncée, l'étoile qui te guide à 
                          des airs de ronce 
                          D'un rond si pâle, ton auréole a l'saint 
                          qui plonge 
                          Qui plonge et renfloue son ennui 
                        Tout 
                          compte, tout compte fait t'as pris de nouveaux plis 
                          à la longue 
                          L'on gouverne si peu sa destinée, tu songes 
                          La leçon justifie l'essai, t'as pris la ronde 
                          La ronde et tu n'as plus envie 
                        Tu 
                          dis qu'on est trop loin du ciel 
                          Tu dis qu'on naît trop près des morts 
                          Tu dis qu’t’aimerais la vie si elle 
                          T’obligeait de quelques doux réconforts 
                          Alors tu gueules et craches ton fiel 
                          Tu remets tes cordes en accord 
                          Te redresses et redeviens celle 
                          Qui habite ton corps 
                        « 
                          Je vis toujours j’ai pas sommeil 
                          J’ai soleil et je mords encore 
                          J’ai soif et retrouvé le nord 
                          Trouvé le La, trouvé vermeille 
                        Je 
                          neige, j’orage et détonne 
                          J’ai faim de loup, de vie, de chair 
                          Je n’ai plus le cœur en jachère 
                          Je veux de l’ivresse à la tonne 
                        Du 
                          grand bazar, du vrai délire 
                          Du feu sacré, du diable au corps 
                          Je feu roulant, je brûle encore 
                          Je veux le meilleur et le pire 
                        Je 
                          veux trépasser de splendeur 
                           
                          De stupéfiant, d’intempérance 
                          Et puis comme ultime espérance 
                          Partir en hurlant de bonheur 
                          Partir en hurlant de candeur 
                          Partir en hurlant de douceur 
                          Partir en hurlant de ferveur - dit-elle - 
                          La muse (Euterpe) au cœur » 
                        Paroles 
                          : Hugo Fleury 
                          Musique : Hugo Fleury et Polémil Bazar 
                         
                          Le 
                          panier de Guillotin 
                          Si 
                          vous aviez juré m’avoir déjà 
                          croisé 
                          Que ma bouille ambiguë vous cause un déjà 
                          vu 
                          Que je vous paraît laid ou peut-être un 
                          peu niais 
                          Ou trop parfait, comme qui dirait : 
                          Que j’ai pas trop l’air fiable 
                          Ou qu’on m’donnerait l’bon Dieu sans 
                          confession 
                          Bref, si ma tête est variable, c’est grâce 
                          aux ambitions 
                        D’un 
                          médecin un peu fou qui m’a strié 
                          le cou 
                          Pour pouvoir dévisser ma boule à volonté 
                          Échanger mon melon selon les occasions 
                          Au gré du temps, de mes humeurs et v’lan! 
                          Dans le panier de Guillotin, j’attrape un chef 
                          au hasard et j’le fourre 
                          Au bout d’mon excroissance, en m’levant 
                          le matin  
                          J’enfile ma gueule du jour 
                        J’ai 
                          toute une collection de caputs d’occasion 
                          Quand j’trouve une nouvelle tête, y m’la 
                          faut, c’est trop bête 
                          Et sans même l’essayer, je m’la fait 
                          emballer 
                          Fi d’la couleur, de l’âge ou d’la 
                          grosseur 
                          J’ai loué un entrepôt réfrigéré 
                          à deux pas d’la morgue à un vieux 
                          boucher 
                          Où les croque-morts m’envoient les têtes 
                          non réclamées 
                        J’en 
                          ai pour tous les goûts, je peux passer partout 
                          Et aller anonyme, je suis mon synonyme  
                          Tellement caméléon, je n’sais plus 
                          tous mes noms 
                          Je m’insinue, même à mon propre insu 
                          On peut lire dans mes yeux tout le passé du premier 
                          proprio 
                          J’ai pas seulement ses ch’veux, mais aussi 
                          sa mémoire et ses imbroglios 
                        Y 
                          va d’soi qu’j’ai plus d’un chapeau 
                          qui m’fait 
                          Y va d’soi qu’j’ai des vies autant 
                          qu’y m’plaît  
                          Et si parfois je chante, c’est pour tuer l’ennui 
                          Y va d’soi qu’j’ai tous perdu mes 
                          amis 
                          Y va d’soi qu’ma vraie famille me renie 
                          Car avec toutes ces têtes, on n’sait plus 
                          qui je suis 
                        Y 
                          va d’soi qu’j’ai plus d’un chapeau 
                          qui m’fait 
                          Y va d’soi qu’j’ai des vies autant 
                          qui m’plaît  
                          Mais ça me désenchante et ça me 
                          contrarie 
                          Parce que si j’ai tous perdu mes amis 
                          Parce que si ma vraie famille me renie 
                          C’est qu’j’ai perdu la tête 
                          que mes parents m’ont faite, un soir de beuverie 
                        J’ai 
                          une tête d’usurier, c’est pour me 
                          faire prier 
                          Plusieurs têtes de linottes, une en forme de botte 
                          Une tête de violon, un panache de lion 
                          Une tête à claques, une autre dans un sac 
                          J’ai une belle tête-à-queue, une 
                          tête de lecture, chercheuse, érudite 
                          J’peux même en visser deux, l’adaptateur 
                          existe 
                        J’ai 
                          une tête de cravate et une bouille de patate 
                          J’ai même celle à Guignol et une 
                          autre espagnole 
                          Un visage parfait avec tout de refait 
                          Comme un mannequin, et une tête de requin 
                          Et quand j’ai pas la tête à mettre 
                          une tête sous mon chapeau 
                          Je sors le cou couvert d’un plastique et c’est 
                          chouette, ça passe incognito 
                        J’ai 
                          une belle tête d’ogive, même Saddam 
                          en salive 
                          J’en ai des nucléaires et quelques-unes 
                          en l’air 
                          Une tête à cogner d’dans, d’ailleurs 
                          elle a plus d’dent 
                          Une tête d’affiche, une de sale gosse de 
                          riche 
                          J’ai une casse-tête de turc, une autre déconfite 
                          d’artiste raté 
                          Décadent, des caduques, des crades et des crottées 
                        J’ai 
                          une belle tête bouchée à la Georges 
                          Doublevé 
                          Une tête qui penche à droite, despote et 
                          phallocrate 
                          Une tête de supérieur qui est chauve à 
                          l’intérieur 
                          Une tête sublime, une dernière pour la 
                          rime 
                          Des bocaux, des cocos, des cafetières, des ciboulots 
                           
                          Des caboches et des cruchons j’ai tout un inventaire 
                           
                          Mais celui que je préfère est au diable 
                          vauvert  
                        Paroles 
                          : Hugo Fleury 
                          Musique : Antoine Bretel 
                        Comment 
                          coi? 
                          Comment 
                          rester tout cois, tout cuits 
                          À regarder passer l’ennui 
                          À regretter nos joies enfuies  
                          Dans le fourbi de nos soucis? 
                        L’eau 
                          de la rivière passe, toujours drue, jamais lasse 
                          Moi j'meure pas d’envie d’mourir cette année 
                          L’eau de la rivière passe, qu’elle 
                          aille où bon lui fasse 
                          J’suis pas trop pressé d’être 
                          trépassé 
                        J’irai 
                          brasser les masses, effacer vos grimaces 
                          Réparer nos outrances et retrouver l’enfance 
                          D’un cœur vierge tout chaud, siffler comme 
                          l’oiseau 
                          Paître nu tout gaiement, n’être plus 
                          que du vent  
                        Mais 
                          on m’a donné tous les maux  
                          Inhérents, travers et les torts 
                          Au fait de naître, au genre Homo  
                          Sapiens, ça craint, ça d'viens retors 
                        Je 
                          veux laver la crasse laissée sous mes godasses 
                          Par les pavés de vos moroses cités 
                          Je veux laver la crasse enfouie sous ma carcasse  
                          La fange et les aberrations consommées 
                        J’irai 
                          voter néant, pied’zen, haut le séant 
                          Fi de vos étendards, effigies dérisoires 
                          Ne plus rien croire, d'ailleurs, je veux me croire ailleurs 
                           
                          Paître nu tout gaiement, n’être plus 
                          que du vent 
                        Oui 
                          on m'a donné tous les mots 
                          Inhérents, travers et les tords 
                          J'ai fait iniminimaïnimo 
                          Mais il en est resté pléthore 
                        On 
                          m'a retrouvé schlass et pantois, tout de glace 
                          Au sortir de mes 20 premières années 
                          On m'a retrouvé schlass, mais tous mes membres 
                          en place 
                          Prêt à rugir, à tout révolutionner 
                           
                          Aller 
                          brasser les masses, effacer les grimaces 
                          Réparer les outrances et retrouver l’enfance 
                          D’un cœur vierge tout chaud, siffler comme 
                          l’oiseau 
                          Paître nu tout gaiement, n’être plus 
                          que du vent  
                        Mais 
                          qui dira tout cru tout haut  
                          Ce qui se murmure tout bas? 
                          Qui sortira de son tombeau? 
                          Descendra de son grabat? 
                        Et 
                          sans perdre la face, dira qu'c'est pas la race 
                          Qui fait le con, le cave ou l'écervelé 
                          Non, sans perdre la face, osera tirer la chasse 
                          Vider ce charabia de médiocrité 
                        Ça 
                          y est je suis méchant, indubitablement 
                          Pourquoi j'entends du noir quand on joue de l'espoir? 
                          Quand viendra-t-on m'enlever ce cran dans mon soulier? 
                          Cette puce au cerveau qui m'fait sentir de trop? 
                        En 
                          tant qu'humain, j'entends, dans ce monde et pourtant 
                          J'avais voulu chanter les oiseaux, la beauté 
                          -Ça commençait par quoi?  
                          -Par comment rester coi! 
                           
                          Polémique 
                          fournaise hurlemensongère 
                          Hasardeuse fadaise ou patate austère 
                          On ne naît pas scélérat 
                          On n’est pas chez les rats 
                        Paroles 
                          : Hugo Fleury 
                          Musique : Hugo Fleury et Polémil Bazar 
                           
                           
                          Bousculade 
                          à l'Ambigu 
                          Y'a 
                          d'la furie qui foisonne et trop d'mal en patience 
                          Tant que les savants déraisonnent et s'oxyde 
                          la science 
                          La bêtise est à la une des presses abruties 
                          Et le génie se résume à l'étalage 
                          d'esprit 
                        Maxime 
                          s'essouffle à l'usage et l'Aigle est une proie 
                          L'Avare est le rôle à la page et Rastignac 
                          est roi 
                          L'éphémère et le friable ont la 
                          cote au marché 
                          L'occident 
                          se cherche un coupable et l'orient veut Mickey 
                        Bousculade 
                          à l'Ambigu sur une estrade exiguë 
                          Les acteurs s'arrachent la peau pour avoir le dernier 
                          mot 
                        Quelqu'un 
                          à volé l'pactole et tout l'monde sait 
                          qu'c'est Guignol 
                          Y s'la coule douce au Mexique en revendant les répliques 
                          -À mort le metteur en scène! les comédiens 
                          se déchaînent 
                          Et dans la fosse expédient tout le décor 
                          avec lui 
                        Comme 
                          ils allaient mettre le feu un parvenu vient vers eux 
                          Arborant tout son mépris -Je suis l’auteur! 
                          il s'écrie 
                          -Si vous voulez des répliques, cessez votre ignoble 
                          cirque 
                          Faites comme les « gens comme il faut » 
                          et payez-vous des faux! 
                        Les 
                          artistes consternés n'ont plus rien sous la dent 
                          Les producteurs avinés trinquent aux succès 
                          des glands 
                          L'impossible est si probable et les faux si parfaits 
                          Que la méprise est pardonnable autant que les 
                          méfaits 
                        Usurpant 
                          quelque notoire et fieffée position 
                          Charlatan passera à l'histoire et Juste en dérision 
                          On vante les vertus du sable et l'confort du tombeau 
                          Le bonheur des misérables et la grandeur des 
                          nabots 
                        On 
                          préfère à Cyrano la ruse de Vautrin 
                          Et le scénario d'un porno à un alexandrin 
                          Le ridicule ne tue guère et la paix coûte 
                          un bras 
                          Avancez par en arrière on vous remboursera! 
                          -Rideau! 
                        Paroles 
                          : Hugo Fleury 
                          Musique : Polémil Bazar  |