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Chants de mines

Milliers
Damné ramdam
À hue à dia
Kyoto
Macaques
Mange ton âme
Celui qui cherchait l'écho
Tout compte
Le panier de Guillotin
Comment coi?
Bousculade à l'Ambigu

Les milliers
Ils sont les premiers à l'entrée
Bien qu'personne n'les ait invités
Troisième classe et comme trop de dents
Dehors et gros gens comme devant
Se mêlent de tout, s'emmêlent de rien
Renversent tout par trop d'entrain
Jusqu'aux conversations

Ils ont des avis plein les poches
Mais pas une idée dans la caboche
S'accrochent à l'opinion du sot
S'approprient les éditoriaux
Dans vos affaires, fourrent leur nez
S'affairent surtout à conserver
Votre aversion

Qu'on marche sur leurs pieds, ils s'excusent d'exister
Mais qu'ils aient du pouvoir et les v'là qu’y s'prennent pour César

Les milliers, les milliers d'imbéciles heureux
Les milliers, de piliers dociles et peureux
Les milliers, de préambules d'aucun discours
Les milliers, de somnambules au goût du jour

L'envie dans les veines, l’ennui dans les gênes
M'envient ma bohème et s'émeuvent devant leur télé

Ils se croient forts quand gros ils sont
Ils se croient grands quand haut ils vont
Rituellement, toujours au-d'là
D'leurs facultés puis sans éclat
Se fracturent la gueule ou l'égo
Le fémur, le cœur et bingo!
Ils gagnent votre mépris

Ils se relèvent toujours, d'ailleurs
N'apprennent rien de leurs erreurs
Négligent d'apprécier ce qu'ils ont
Exigent et veulent, s'octroient raison
Prétextant que tout leur est dû
Oublient souvent qu'ils auraient pu
Naître au Gabon par exemple

Qu'on marche sur leurs pieds, ils s'excusent d'exister
Mais qu'ils aient des galons, v'là qu’y s'prennent pour Napoléon

Ils jugent de la valeur au prix
Confondent succès et profits
Accomplissement et piédestal
Réussite et rang social
Mesurent le génie aux diplômes
Les oeuvres aux titres, au nombre, aux tomes
Et l'amour aux bouquets

Ils sont le chiendent, la routine
Le lubrifiant de la machine
Petits héros du vide ambiant
Grands zéros du discernement
Gavés de désinformation
Gravés du sceau d'à jamais pions
Dans le grand échiquier de la vie

Qu'on marche sur leurs pieds, ils s'excusent d'exister
Mais qu'ils aient un micro et les v'là qu’y s'prennent pour Vigneault

Paroles : Hugo Fleury
Musique : Hugo Fleury et Polémil Bazar


Damné ramdam
Sacré tambour
T’as bien tout fait pour qu’elle s’en aille et pas pour faux
Tu t’es fait niais, tu t’es fainéant
Tu t’es fait lourd et surtout pas très beau
-Tout pas très beau

Sacré tambour
Tout’ ta ferraille c’est qu’un faire-valoir de vieux beau
Ta caisse est pas claire, t’as cassé l’élan
Tu sonnais trop sourd et surtout pas très chaud
-Tout pas très chaud

Sacré tambour
C’est ton air d’aller bien qui nous ment
Tes sursauts, tes ramdams -t’es lourd
Tes mouvements, ta cadence -t’es sourd
Insupportable vaniteux va!
Tends ta peau avant qu’on va frapper dedans

Tambour t’en baves, t’entoures, t’enclaves
T’es cave tout court mon brave tambour
Bien enduit dans ta vase à battre un peu moins chaque jour

Je sais, sans toi y’aurait pas d’quoi chanter, ni fêter ni pleuvoir
Ni passion, ni passé, ni frisson, ni pouvoir
Plus qu’la raison, refroidissant nos corps

Calculs et prévisions, plus qu’en un mot : la mort

Mais rêve toujours, sacré tambour
Tu n’s’ras jamais qu’un pourvoyeur de mauvais sang
Opaque et pas clair, de ressentiments
De haine et d’allure fière, allant comme si ma tête étant

Mais rêve toujours, sacré tambour
Sur ton air d’aller, bon an, mal an
Sur tes damnés ramdams -t’es lourd
Ta satanée cadence -t’es sourd
Imposteur irrévérencieux va!
Tends ta peau avant qu’on va frapper dedans

Tambour t’en baves, t’entoures, t’enclaves
T’es cave tout court mon brave tambour
V'là ton nid qui s’embrase, si tant que te v’là cuit tambour

Ça y est maintenant tout court nous v’là tous deux
D’autant plus lourds qu’on s’trouve un peu
Pris au détour de nos sérieuses sérénades
Et des discours dégoupillés
Qu’on s’prend, qu’on s’fourre dans l’crâne où tout s’pourrait
Oui mais l’amour ça s’passe plus bas
De par chez toi qui gères tout ça

Damné tambour faut faire avec tes arythmies, tes à-coups secs
Et tes juvéniles manières, tes mauvais plis et tes ornières
C’est tout caprice et gloriole, tout artifices et girandoles
Et foudre aux yeux, sors tes canons
Qu’on voit c’qu’y a d’caché dans ton fond de toi

Paroles : Hugo Fleury
Musique : Hugo Fleury et Polémil Bazar


À hue à dia
J’ai les élus dans la mire et l’âme trouble-fête
Et comme envie d’en pleurer, comme envie d’en rire
Et comment que ça m’embête
On a rien fait de mieux, aurait-on pu faire pire?
Comment donc en être fier?
De qui, de nous, de vous, d’eux quel est le martyr
Et quel est le tortionnaire?

J’ai mal aux droits humains mais moi j’ai la liberté d’excrétion
Je crains de nous qu’on n’soit demain les pantins de trop d’ambition
La tête à hue, le cœur à dia, les girouettes
Tournent au gré du vent pseudocrate
Et dansent la java des jubilaires digérant, les rats en cravate

La java des états d’Hommes et d’âmes soumises
Qui fait valser les droits, retourner les chemises
Elle se danse à genoux, elle se chante en dollar
Elle nous roule dans la boue et n’a pas de mémoire

Paraît qu’les riches ont tout et qu’ils m’ont moi
Mais moi, j’suis pauvre et j’suis bête
J’conseille au Trésor de n’pas s’montrer la gueule
Car on lui f’ra sa fête
Nous les sauvages on n’sait pas compter mais nos plumes
On les donne aux poètes
Qui en retour, de l’or des mines de leurs âmes
Empoisonnent nos flèches

La java des états d’Hommes et d’âmes soumises
Qui te fait malgré toi, endosser sa bêtise
On la trouve partout, c’est l’amie du pouvoir
Elle nous trompe, elle nous joue et répète l’histoire

On dit qu’on a les bourreaux qu’on mérite et qu’les barreaux faut s’y faire
On troque un vote, on croque, on avale, on évite, on tète, on est mammifère
Les barges de crédit font de larges profits sur nos vies déficitaires
En deuil d’idéaux, de raison et d’esprit l’avilissement prolifère

La java des états d’Hommes et d’âmes soumises
Des guignols et des rois, qui le ridicule, frisent
Elle plane au-dessus des lois, d’la nature et des Hommes
On doit l’aimer, ma foi, puisque tous on l’entonne


Paroles : Hugo Fleury
Musique : Hugo Fleury et Polémil Bazar


Kyoto
Avant d'quitter l'plateau, caressé par la faux
Avant d'aller chez M. Jacques les pieds d'vant, les yeux clos
Ou juste avant d'coller sur ma plaque, étalé
De prendre au fond d'ma chaise et d'baver sur mon tablier

Avant d'être rabougri, viscéralement aigri
Avant qu'le soleil m'ait renié, que le bleu vire au gris
Avant ma soumission, ma décomposition
Mon abandon, ma perte et ma fatale isolation

J'aimerais bien savoir à quoi sers-je?
J'aimerais voir une forêt vierge
J’voudrais comprendre pourquoi Tout?
Et ne plus rien vouloir du tout

J'aimerais voler, quitter ma tête
Aller semer partout la fête
Visiter Bagdad à vélo
J'voudrais respirer l'air de Kyoto

Avant la guerre de l'eau, le hamburger bio
L'air pur en contrebande, avant les orgasmes en réseaux
Avant qu'un bras nous pousse dans l'front, que l'on ait tous
Une poignée dans l'dos, des ornières, la stupeur et la frousse

Avant les Epsilons, les manipulations
La greffe de bonne conscience, avant l'uniformisation
Avant l'cancer de l'âme et l'ablation du charme
L'interdiction d'l'humour et l'obligation du port d'arme

Avant que d'avoir honte et que la tension monte
Si haut qu'on n'y puisse plus rien faire, avant le vrai décompte
Avant d'avouer qu'on savait tout ça, mais qu'on
N'y changeait rien vu qu'ça nous convenait bien de rester con-

Damnés, voués à l'échec et mat, avant qu'un chèque
Vaille plus cher que son signataire et sa famille avec
Avant qu'on ait détruit tout jusqu'au dernier fruit
Que les lois du marché nous aient totalement abrutis

J'aimerais bien savoir à quoi sers-je?
J'aimerais voir une forêt vierge
J’voudrais comprendre pourquoi Tout
Et ne plus rien vouloir du tout

J'aimerais voler, quitter ma tête
Aller semer partout la fête
Visiter Bagdad à vélo
Respirer l'air de Kyoto

J'aimerais bien savoir à quoi sers-je?
Qui faudrait croire et vers où vais-je?
Visiter Prague et Tombouctou
Stalingrad et Ouagadougou

J'aimerais voler, quitter ma tête
Aller semer partout la fête
Visiter Bagdad à vélo
J’voudrais respirer l'air de Kyoto

Paroles : Hugo Fleury
Musique : Hugo Fleury et Polémil Bazar


Macaques
En avant la muzak, assez joué les macaques
Il est l’heure il est grand temps
Temps de prendre nos claques, nos cliques et dans un sac
Fourrer nos ressentiments

Basta les coups, les tractations et les arnaques
Assez chimpanzé mon grand
Entamons un entracte et brûlons nos matraques
Allons faire souder nos dents

Avalons ce cognac, quatre gorgées pour chac-
Un des vils arguments
Qu’on s’est jeté en vrac pour justifier nos actes
Et nos paroles d’antan

Une fois brindezingues et couaques, l’assommoir mis à sac
Bêtas unis et puissants
De paix, signé le pacte, en bons maîtres on ira
Coloniser d’autres clans

La banana Alta Reina, estupida decadencia
Mono sabio, arrogante, despectivo, venga callate!
Mi vecino, mi padre, mi amigo, mi madre
Mi diputado tambien, quienquiera que sea tiené qué saber qué :
-S’avère quoi?
-Savoir que le singe est toujours en toi

Voyez ce beau macaque pisser droit dans la flaque
Où s’abreuvent ses enfants
Aucun doute mon Jack, l’on descend de ce braque
Quoiqu’en braillent les croyants

On a du singe en vrac, dans le sang tout un lac
Assumons nos ascendants
Les culs blancs, les culs blacks, variantes, artefacts
Du premier orang-outang

Paroles : Hugo Fleury
Musique : Thierry Gateau


Mange ton âme
Y’a ceux qui comptent et ceux qui tronquent
Ceux qui bombent et ceux qui tombent
Ceux qui financent l’hécatombe et qui de rire sont morts

Y’a ceux qui gueulent et ceux qui bêlent
Ceux qui veulent et ceux qui gèlent
Ceux qui vendent les ficelles et le reste qui dort

Mange ton âme, plutôt que d’la vendre au gramme
Range ta lame et viens t’faire chanter ta gamme

Y’a ceux qui attendent et ceux qui cherchent
Ceux qui s’pendent et ceux qui lèchent
Ceux qui de tout bois font flèche et qui de rire sont morts

Y’a ceux qui rêvent et ceux qui crèvent
Ceux qui « fiellent » et ceux qui sellent
Ceux qui tirent les ficelles et le reste qui dort

Y’a ceux qui s`plaignent et ceux qui geignent
Ceux qui feignent et ceux qui saignent
Ceux qui par-dessus tout règnent et qui de rire sont morts

Y’a ceux qui foulent ceux qui déboulent
Ceux qui roulent, ceux « kilojoulent »
Ceux qui se noient dans la foule et le reste qui dort

Mais sûr bien aussi y’a ceux
Qui toujours on oublie y’a ceux
Qui criblés de mépris y’a ceux
Qui crevés par la vie y’a ceux
Qui condamnés, éconduits y’a ceux
Qui implorent un répit y’a ceux
Qui meurent et qu’on oublie

Enfin y’a tous ceux qui rigolent
Ceux qui n’ont rien pour qu’on les vole
Qu’un simple aller pour providence
Qui jonglent avec la chance

Lesquels sont les moins malheureux
Moins méprisables et moins gâteux
Si la question vous rend nerveux
Vivez mal et mourez vieux

Paroles : Hugo Fleury
Musique : Martin Desjardins

Celui qui cherchait l’écho
J'ai perdu quatre mauvais mots
Échappés bêtement dans le flot
Des seules paroles d'une journée
Quatre mots encore plus gros qu'mon nez
Que j'voudrais bien mettre au tombeau
Que j'voudrais bien mettre en bouteille
Avant qu'ils n'atteignent une oreille
Qu'les rumeurs s'éveillent et qu'on me prenne en faux

Or je dois retrouver l'Écho
Ce traître qui répand les maux
Mais le trouillard se cache on n'sait
Dans quel brouillard le chercher c'est
Comme dissocier le laid du beau
C’est plus simple de trouver Dieu
Que de bâillonner cet odieux
Écho pernicieux, bavard incognito

Parfois je la nouerais, parfois je la clouerais, parfois je la couperais

Je l'avalerais pour la faire taire
J'la collerais sur un poteau d'fer, en hiver
J'la f'rais rev'nir aux p'tits oignons

Je l'échangerais contre du pognon
J'la laiss'rais sur un timbre-poste
J'la jett'rais dans l'bac à compost
J'l'oublierais dans la bouche d'une femme
Ma langue, j'lui f'rais des choses infâmes

J’ai cherché dans les caniveaux
Entre les montagnes et jusqu'aux
Fonds des lacs et des océans
J’ai vérifié chaque instrument
Pas le moindre soupçon d'écho
J’ai pensé qu'il s'était éteint
Ou qu’il se taisait à dessein
De me faire craquer, passer pour un idiot

À défaut de trouver l'Écho
J’ai rencontré quelques ragots
Et de vieux potins parvenus
Qui juraient ne pas avoir eu
Vent de mes fameux quatre mots
Mais les rumeurs allaient bon train
Voulant que je ne valais plus rien
Qu’j’avais égaré mes quatre derniers mots

Parfois je la nouerais, parfois je la clouerais, je la crucifierais

Je l'avalerais pour la faire taire
J'la collerais sur un poteau d'fer, en hiver
J'la f'rais rev'nir aux p'tits oignons
Je l'échangerais contre du pognon
J'la laiss'rais sur un timbre-poste
J'la jett'rais dans l'bac à compost
J'l'oublierais dans la bouche d'une femme
Ma langue, j'lui f'rais rendre les armes!

Parce qu’elle refuse de m'obéir
Mes dents s'usent à la retenir
Mon sourire cache un mal profond
Elle m'accuse de violer ses droits
Elle a des ruses qui me laissent coi
C’est la vipère dans le bouffon
Ma langue déteste le mensonge
Pour tout protocole elle s'allonge
Elle trahit fièrement nos secrets
Mais si j'hésite à la châtier
C'est qu'jamais elle n’ira lécher
Des culs dans quelconque intérêt

C'est à la une des journaux que j'ai r'trouvé mes quatre mots
Sous ma photo, des mots sournois, mensongers, haineux de surcroît
Des gratuités, de vrais couteaux, quatre mots qu’j’avais moi-même crachés
Qu’l’auteur s’était appropriés, m’étaient fatalement retournés
Comme un parfait effet d’écho

Paroles : Hugo Fleury
Musique : Thierry Gateau

Tout compte
Tout compte, tout compte fait mal d'oser le cœur, ça bat, ça gronde
Grondée t'es pâle, blasée t'as peur d'où va le monde
Mont de piété, l'âme escomptée, tu tâtes et sondes
Tu sondes et sombres dans l'ennui

Tout compte, tout compte fait sale d'ôter sa dalle, vider sa tombe
Tombée tu râles, domptée tu chiales et rases ton ombre
Ton nom s’affale, tes ans cavalent, avale ta montre
Et ne montre plus tes envies

Tu dis qu'on est trop loin du ciel
Tu dis qu'on naît trop près des morts
Tu dis plus rien, tu t'émerveilles
De ne plus voir et d'arriver encore
À te rapprocher du soleil
À te raccrocher à ton sort
Comme Icare tu brûleras tes ailes
Quitte à quitter ton corps

Tout compte, tout compte fait à l'trouer le cœur s'emplit, s'enfonce
Foncée, l'étoile qui te guide à des airs de ronce
D'un rond si pâle, ton auréole a l'saint qui plonge
Qui plonge et renfloue son ennui

Tout compte, tout compte fait t'as pris de nouveaux plis à la longue
L'on gouverne si peu sa destinée, tu songes
La leçon justifie l'essai, t'as pris la ronde
La ronde et tu n'as plus envie

Tu dis qu'on est trop loin du ciel
Tu dis qu'on naît trop près des morts
Tu dis qu’t’aimerais la vie si elle
T’obligeait de quelques doux réconforts
Alors tu gueules et craches ton fiel
Tu remets tes cordes en accord
Te redresses et redeviens celle
Qui habite ton corps

« Je vis toujours j’ai pas sommeil
J’ai soleil et je mords encore
J’ai soif et retrouvé le nord
Trouvé le La, trouvé vermeille

Je neige, j’orage et détonne
J’ai faim de loup, de vie, de chair
Je n’ai plus le cœur en jachère
Je veux de l’ivresse à la tonne

Du grand bazar, du vrai délire
Du feu sacré, du diable au corps
Je feu roulant, je brûle encore
Je veux le meilleur et le pire

Je veux trépasser de splendeur

De stupéfiant, d’intempérance
Et puis comme ultime espérance
Partir en hurlant de bonheur
Partir en hurlant de candeur
Partir en hurlant de douceur
Partir en hurlant de ferveur - dit-elle -
La muse (Euterpe) au cœur »

Paroles : Hugo Fleury
Musique : Hugo Fleury et Polémil Bazar


Le panier de Guillotin
Si vous aviez juré m’avoir déjà croisé
Que ma bouille ambiguë vous cause un déjà vu
Que je vous paraît laid ou peut-être un peu niais
Ou trop parfait, comme qui dirait :
Que j’ai pas trop l’air fiable
Ou qu’on m’donnerait l’bon Dieu sans confession
Bref, si ma tête est variable, c’est grâce aux ambitions

D’un médecin un peu fou qui m’a strié le cou
Pour pouvoir dévisser ma boule à volonté
Échanger mon melon selon les occasions
Au gré du temps, de mes humeurs et v’lan!
Dans le panier de Guillotin, j’attrape un chef au hasard et j’le fourre
Au bout d’mon excroissance, en m’levant le matin
J’enfile ma gueule du jour

J’ai toute une collection de caputs d’occasion
Quand j’trouve une nouvelle tête, y m’la faut, c’est trop bête
Et sans même l’essayer, je m’la fait emballer
Fi d’la couleur, de l’âge ou d’la grosseur
J’ai loué un entrepôt réfrigéré à deux pas d’la morgue à un vieux boucher
Où les croque-morts m’envoient les têtes non réclamées

J’en ai pour tous les goûts, je peux passer partout
Et aller anonyme, je suis mon synonyme
Tellement caméléon, je n’sais plus tous mes noms
Je m’insinue, même à mon propre insu
On peut lire dans mes yeux tout le passé du premier proprio
J’ai pas seulement ses ch’veux, mais aussi sa mémoire et ses imbroglios

Y va d’soi qu’j’ai plus d’un chapeau qui m’fait
Y va d’soi qu’j’ai des vies autant qu’y m’plaît
Et si parfois je chante, c’est pour tuer l’ennui
Y va d’soi qu’j’ai tous perdu mes amis
Y va d’soi qu’ma vraie famille me renie
Car avec toutes ces têtes, on n’sait plus qui je suis

Y va d’soi qu’j’ai plus d’un chapeau qui m’fait
Y va d’soi qu’j’ai des vies autant qui m’plaît
Mais ça me désenchante et ça me contrarie
Parce que si j’ai tous perdu mes amis
Parce que si ma vraie famille me renie
C’est qu’j’ai perdu la tête que mes parents m’ont faite, un soir de beuverie

J’ai une tête d’usurier, c’est pour me faire prier
Plusieurs têtes de linottes, une en forme de botte
Une tête de violon, un panache de lion
Une tête à claques, une autre dans un sac
J’ai une belle tête-à-queue, une tête de lecture, chercheuse, érudite
J’peux même en visser deux, l’adaptateur existe

J’ai une tête de cravate et une bouille de patate
J’ai même celle à Guignol et une autre espagnole
Un visage parfait avec tout de refait
Comme un mannequin, et une tête de requin
Et quand j’ai pas la tête à mettre une tête sous mon chapeau
Je sors le cou couvert d’un plastique et c’est chouette, ça passe incognito

J’ai une belle tête d’ogive, même Saddam en salive
J’en ai des nucléaires et quelques-unes en l’air
Une tête à cogner d’dans, d’ailleurs elle a plus d’dent
Une tête d’affiche, une de sale gosse de riche
J’ai une casse-tête de turc, une autre déconfite d’artiste raté
Décadent, des caduques, des crades et des crottées

J’ai une belle tête bouchée à la Georges Doublevé
Une tête qui penche à droite, despote et phallocrate
Une tête de supérieur qui est chauve à l’intérieur
Une tête sublime, une dernière pour la rime
Des bocaux, des cocos, des cafetières, des ciboulots
Des caboches et des cruchons j’ai tout un inventaire
Mais celui que je préfère est au diable vauvert

Paroles : Hugo Fleury
Musique : Antoine Bretel

Comment coi?
Comment rester tout cois, tout cuits
À regarder passer l’ennui
À regretter nos joies enfuies
Dans le fourbi de nos soucis?

L’eau de la rivière passe, toujours drue, jamais lasse
Moi j'meure pas d’envie d’mourir cette année
L’eau de la rivière passe, qu’elle aille où bon lui fasse
J’suis pas trop pressé d’être trépassé

J’irai brasser les masses, effacer vos grimaces
Réparer nos outrances et retrouver l’enfance
D’un cœur vierge tout chaud, siffler comme l’oiseau
Paître nu tout gaiement, n’être plus que du vent

Mais on m’a donné tous les maux
Inhérents, travers et les torts
Au fait de naître, au genre Homo
Sapiens, ça craint, ça d'viens retors

Je veux laver la crasse laissée sous mes godasses
Par les pavés de vos moroses cités
Je veux laver la crasse enfouie sous ma carcasse
La fange et les aberrations consommées

J’irai voter néant, pied’zen, haut le séant
Fi de vos étendards, effigies dérisoires
Ne plus rien croire, d'ailleurs, je veux me croire ailleurs
Paître nu tout gaiement, n’être plus que du vent

Oui on m'a donné tous les mots
Inhérents, travers et les tords
J'ai fait iniminimaïnimo
Mais il en est resté pléthore

On m'a retrouvé schlass et pantois, tout de glace
Au sortir de mes 20 premières années
On m'a retrouvé schlass, mais tous mes membres en place
Prêt à rugir, à tout révolutionner

Aller brasser les masses, effacer les grimaces
Réparer les outrances et retrouver l’enfance
D’un cœur vierge tout chaud, siffler comme l’oiseau
Paître nu tout gaiement, n’être plus que du vent

Mais qui dira tout cru tout haut
Ce qui se murmure tout bas?
Qui sortira de son tombeau?
Descendra de son grabat?

Et sans perdre la face, dira qu'c'est pas la race
Qui fait le con, le cave ou l'écervelé
Non, sans perdre la face, osera tirer la chasse
Vider ce charabia de médiocrité

Ça y est je suis méchant, indubitablement
Pourquoi j'entends du noir quand on joue de l'espoir?
Quand viendra-t-on m'enlever ce cran dans mon soulier?
Cette puce au cerveau qui m'fait sentir de trop?

En tant qu'humain, j'entends, dans ce monde et pourtant
J'avais voulu chanter les oiseaux, la beauté
-Ça commençait par quoi?
-Par comment rester coi!

Polémique fournaise hurlemensongère
Hasardeuse fadaise ou patate austère
On ne naît pas scélérat
On n’est pas chez les rats

Paroles : Hugo Fleury
Musique : Hugo Fleury et Polémil Bazar


Bousculade à l'Ambigu
Y'a d'la furie qui foisonne et trop d'mal en patience
Tant que les savants déraisonnent et s'oxyde la science
La bêtise est à la une des presses abruties
Et le génie se résume à l'étalage d'esprit

Maxime s'essouffle à l'usage et l'Aigle est une proie
L'Avare est le rôle à la page et Rastignac est roi
L'éphémère et le friable ont la cote au marché

L'occident se cherche un coupable et l'orient veut Mickey

Bousculade à l'Ambigu sur une estrade exiguë
Les acteurs s'arrachent la peau pour avoir le dernier mot

Quelqu'un à volé l'pactole et tout l'monde sait qu'c'est Guignol
Y s'la coule douce au Mexique en revendant les répliques
-À mort le metteur en scène! les comédiens se déchaînent
Et dans la fosse expédient tout le décor avec lui

Comme ils allaient mettre le feu un parvenu vient vers eux
Arborant tout son mépris -Je suis l’auteur! il s'écrie
-Si vous voulez des répliques, cessez votre ignoble cirque
Faites comme les « gens comme il faut » et payez-vous des faux!

Les artistes consternés n'ont plus rien sous la dent
Les producteurs avinés trinquent aux succès des glands
L'impossible est si probable et les faux si parfaits
Que la méprise est pardonnable autant que les méfaits

Usurpant quelque notoire et fieffée position
Charlatan passera à l'histoire et Juste en dérision
On vante les vertus du sable et l'confort du tombeau
Le bonheur des misérables et la grandeur des nabots

On préfère à Cyrano la ruse de Vautrin
Et le scénario d'un porno à un alexandrin
Le ridicule ne tue guère et la paix coûte un bras
Avancez par en arrière on vous remboursera!
-Rideau!

Paroles : Hugo Fleury
Musique : Polémil Bazar

Polémil Bazar©Tous droits réservés 2005